mardi 7 juillet 2015

Clairette Gras et ses collages, ce que j'ai à dire...

Je colle, comme j’écris, avec un puissant souffle de vie ; tantôt incisive ou tantôt rêveuse, mais toujours avec mes tripes.
On pourrait dire de moi que je suis partie à la recherche d’un temps perdu, ou encore aujourd’hui un temps retrouvé, mais c’est toujours une quête d’idéal, une soif d’absolu qui m’animent, tant dans l’art que dans les multiples « je t’aime » délivrés dans mon travail.
Je jette sur les toiles ce temps aussi qu’il me reste, comme une première page, peut-être, d’un nouveau jour, une nouvelle vie, faite de possibles.
Mes collages, très liés à mes nouvelles, sont une invitation au voyage, tant pour moi-même que pour mon lecteur ou encore le spectateur de mes tableaux.
A l’affût sans cesse de nouvelles techniques, je repousse plus loin les défis afin de toujours me rapprocher de cette authenticité, cette sensibilité qui me tiennent à cœur.
Certes je dénonce, l’artiste n’est-il pas là pour éveiller les consciences, certes je dérange, j’agace parfois, j’ajuste, mais toujours je propose cette vérité qui est la mienne ; les fléaux de cette époque cruelle sont acides, il faut les combattre, les projeter en collages est un beau moyen…Ne trouvez-vous pas ?
Comme sur le quai d’une gare, je vais vers les questions cruciales de l’existence, que tout un chacun se pose, un peu comme je lance des hasards, des prémices d’éventuels cheminements, mais avant tout je crois que je recherche cette profonde humanité trop souvent perdue aujourd’hui.
Car au fond, ce sont la passion de la vie et l’amour, avec un grand A qui doivent survivre et sortir indemnes de ce voyage…

Clairette Gras expose à la CAVE 1907


vendredi 3 juillet 2015

Clairette Gras et Philémon Shivar

 27 juin 2015

 Philémon Shivar a écrit :


Ce matin, je vais rendre hommage à une personne très talentueuse.
Je découvre sur facebook ses collages d'une grande poésie et puis un jour, Clairette Gras m'annonce qu'elle souhaitait réaliser un texte, une nouvelle, inspirée par mon monde fantastique et mes chats.Très curieux, je m'empresse de lui dire que cela me plairais.Quelques jours plus tard, je reçois le fameux texte et là, grande surprise, agréable surprise.Je suis immergé, le temps de quelques lignes, dans un monde qui me ressemble, un monde qui me rappelle certaines nouvelles fantastiques d' Edgar Allan Poe. Bref, j'étais terriblement ému de savoir que mon travail pouvait inspirer certaines personnes à ce point et ce texte en était un hommage formidable.
Donc un grand merci à Clairette et je vous invite à visiter son blog à l'adresse suivante :

http://ecrits-et-collages.blogspot.fr/

 La nouvelle de Clairette s'intitule LE PONT et avec son accord, en voici le contenu :

C’est à cause de Louise qui courait sur le pont que l’accident se produisit.
Antoine, qui essayait de la rattraper, a glissé et s’est cassé la jambe.
Il poussa un cri et Louise s’arrêta net.
Elle hésita, car elle n’était pas certaine d’avoir compris ce qui venait d’arriver.
Elle ne voulait pas retourner près d’Antoine.
La dispute avait été violente et elle avait préféré partir.
Mais quand elle vit en proie à la douleur elle se ravisa et fit demi-tour, tout en appelant les secours.
Car à part un chat qui avançait lentement sur la rambarde, ils étaient seuls sur ce pont.
Elle l’accompagna jusqu’à l’hôpital, mais lui fit bien comprendre qu’après elle partirait.
Quelques jours plus tard Louise, qui avait déménagé au Havre, s’était installée dans un studio du centre-ville, centre-ville qu’elle trouvait bien désert.
En effet, tous les commerces, enfin la plupart étaient fermés.
Elle ne connaissait pas cette ville, mais elle n’avait pas eu le choix, le poste d’enseignante qu’on lui avait proposé se trouvait au Havre.
Et pourquoi pas Le Havre ?
Les cours ne commençaient que dans une quinzaine de jours, elle avait donc le temps de faire connaissance avec la ville et d’estomper le souvenir d’Antoine.
Il fallait qu’elle s’habitue également au climat, très différent de celui qu’elle avait connu dans le sud.
Mais ce n’était pas réellement un problème, l’idée de vivre dans une ville portuaire correspondant bien à son état d’esprit.
Partir, le voyage toujours ancré en elle.
Paradoxe ambulant elle était.
Rester, partir, s’installer définitivement avec toujours la valise dans le couloir.
Elle avait choisi l’enseignement pour la sécurité et la liberté que cela procurait aussi.
Ce matin, le ciel était légèrement voilé mais il faisait doux.
La voilà au cœur de la ville déambulant dans les petites ruelles.
Elle croise peu de monde, mais les gens sont souriants.
Elle marche jusqu’au port et se glisse vers les quais.
Pourquoi tout lui semble désert pourtant elle sent la fébrilité autour d’elle.
Et soudain, un chat, semblant arriver de nulle part, s’approche, s’arrête et la fixe du regard.
Ses miaulements semblent vouloir lui dire quelque chose.
Elle se baisse pour se retrouver à sa hauteur.
- « Bonjour ! » lui dit-il
Elle regarde longuement, Louise ne semble pas étonnée.
Et pour lui elle se met à miauler, la conversation pourtant devient intéressante et se poursuit sans que quiconque ne vienne les interrompre.
Le jour, la nuit, demain, hier, le temps n’existe plus.
Louise n’est plus Louise, elle est la danseuse sur le pont, elle est celle qui chante, seule.
Elle est amoureuse Louise, elle est amoureuse de Philémon.
Philémon c’est celui qui se faufile la nuit, celui qu’on ne voit pas, qui observe, qui écoute en silence.
C’est celui qui nous dit sans crier gare :
- « Je pars …Viens ! »
Et qui d’un bond est déjà ailleurs.
Philémon, c’est le poète, la lune, et moi je suis la colère, je suis la crainte, la peur de vivre, la peur de rire, la peur d’être simplement.
Et Philémon revient, il parle peu mais ce qu’il raconte est enchanteur.
C’est ça Philémon, c’est l’enchantement.
Quoi que ?
Il me raconte ce jour où assis sur la rambarde d’un pont un accident s’est produit, il s’est amusé à regarder un homme tomber, qui apparemment courait après une femme.
Philémon est photographe, alors il a photographié ce couple à la dérive, du moins cela lui semblait-il.
Mais de quoi me parle-t-il Philémon ? C’est de moi qu’il s’agit !
Il est le chat, je suis la femme, il ne peut pas savoir même s’il sait percevoir.
La nuit commence à tomber, Louise se retrouve seule, les sirènes des paquebots qui s’éloignent au loin.
Elle se sent très fatiguée Louise.
Elle est assise sur un banc, mais depuis combien de temps ?
Elle se lève lentement, elle veut rentrer chez elle, mais elle ne reconnait plus rien autour d’elle.
Tout ça à cause de ce fichu chat.
Elle le trouvait joli ce chat, mais l’a-t-elle réellement vu ?
Elle sourit intérieurement en se rappelant qu’elle s’était mise à miauler avec lui.
Lui parlait-elle seulement ?
Alors elle marche, elle suit au loin les lumières de la ville et se retrouve dans ces ruelles qu’elle trouvait si désertes et au détour de l’une d’elles, une boutique à la vitrine illuminée, elle s’approche, craintive et curieuse, et devant elle un kaléidoscope de photos, un pont, deux silhouettes, une femme qui court, un homme au sol, un chat sur la rambarde et une ombre qui se profile de plus en plus, l’ombre de celui qui prend les photos.
Elle se baisse pour lire la légende, ce qu’elle n’a pas le temps de faire, car tout à coup un miaulement la fait se retourner, il est là sur le bord d’une fenêtre et d’un bond s’éloigne en criant :
- « Je pars…Viens ! »
Et une autre voix plus loin :
- « Alors Louise, nous vous cherchons depuis ce matin, ne pensez-vous pas qu’il est temps
 de rentrer ? »
- « Oui » dit-elle, mais vous savez, je le trouvais vraiment joli le chat de Philémon Shivar. »

Clairette Gras
23 Juin 2015

Ci-dessous : "promenade" , collage de Clairette, encore un grand merci

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